"Voilà c’est fait, je viens de boucler la Diagonale des Fous, objectif que je m’étais fixé il y a des années.
Alors en ce soir du jeudi 18 octobre, pas de stress, juste de l’excitation ! Rendez-vous pris au parking du Jumbo Score, proche du départ, le temps de faire connaissance avec les copains des copains qui font le Grand Raid, les familles qui vont faire l’assistance et de prendre une dernière collation puis on rejoint l’entrée de la course. Un bref au revoir à la famille pour ne pas trop faire monter la pression et on rentre dans la zone réservée aux coureurs. On dépose les sacs pour les deux bases de vie et on file à la vérification du sac de course. Il faut tout vider. Tout est OK, on peut rejoindre la zone d’attente, il reste 2 h à attendre dans un boucan d’enfer. Les groupes de musique s’enchaînent sur scène pour assurer l’ambiance, difficile de dormir sur les graviers avec ce bruit ! Nous attendons le départ, moi, mon pote Laurent, Stéphane un copain de Laurent, Nico de Vezin et son pote Stéphane. On se rapproche du départ, c’est le moment du décompte. Un feu d’artifice accompagne le départ des coureurs. Il y a une ambiance de dingue, on se sent galvanisé par la foule. C’est incroyable comme départ, il y a des kilomètres de foule, on frappe dans les mains des gens qui les tendent, ça ne désemplit pas ! On passe devant notre groupe de supporters, l’échange sera bref ! Seuls les champs de canne à sucre auront raison des supporters. Le bruit laisse place au calme de début de course. Sans s’en rendre compte, on vient d’attaquer la première bosse, on passe en mode marche. Au loin, on entend du bruit, c’est Montvert les Hauts et ces airs de tour de France. Les supporters font une haie d’honneur aux coureurs. J’entends mon prénom. Anne-Marie a réussi à venir jusqu’ici malgré les bouchons, c’est cool. Nous arrivons à Domaine Vidot, le 1er ravito. On pointe, on change de maillot, on mange et on refait le plein d’eau. Nous avons le privilège avec Laurent d’être interviewé par Réunion 1ère. On repart pour très vite s’arrêter, ça bouchonne. On en profite, on s’étire, on discute, ça avance tranquille vers le prochain ravito Notre Dame de la Paix. On traverse des champs de fraises, ici pas de difficultés techniques.A Notre Dame, plus rien à manger juste un bol de soupe, ça ira. Nous attaquons les pâturages qui longent la rivière des remparts, ça monte, ça descend avec en décor un magnifique lever de soleil ! Quelle chance d’être là ! On quitte les pâturages pour entrer dans la forêt, un petit air de Pyrénées, c’est surprenant ! Passé le coup de pompe du matin, nous arrivons à Nez de Boeuf, 39km et il est 7h30. La section suivante vers Mare à Boue va être plus cool, le sentier est facile, au loin on distingue des fougères arborescentes, quel décor pour courir ! Arrivés à 10h15 à Mare à boue 1h30 d’avance sur la barrière horaire, petite marge. Tant pis, il faut prendre le temps de se restaurer, de se faire masser et de se changer d’autant que la famille est là, ça fait du bien au moral ! La montée du Côteau Kerveguen va être plus difficile, ça monte, ça monte longtemps et par chance c’est sec, enfin le sommet. En bas de la descente, c’est Cilaos la 1ère base de vie mais quelle descente 750m de D- en 2km sur un sentier de cailloux d’1 mètre de large. En bas de la descente, on perd Laurent mon pote qui ne peut plus continuer. Avec Stéphane, on repart vers Cilaos où l’on pointe à 15h15. La famille est présente à Cilaos, malgré les 400 virages sur 30km, c’est sympa. Une petite sieste de 10 min, un massage tonifiant et c’est reparti. Laurent arrive, il avait prévu d’abandonner mais les bonnes paroles de coach Marcel le remettront sur le chemin. C’est reparti, on descend vers la Cascade de Bras Rouge pour monter le col Taibit, l’entrée dans Mafate. L’ascension est rapide, je perds Stéphane dans la montée, la descente sera encore plus rapide, c’est le pied ! Ravito de Marla, petite pause et je repars, le sentier est facile jusqu’au col des Boeufs. Je vais attaquer le sentier scout et ses passages vertigineux, la nuit va permettre d’éviter la peur du vide, il y a des câbles, c’est technique et pas large. On est dans le coeur de Mafate, Ilet à Bourse, Grand Place. Il fait nuit mais la chaleur est étouffante. Je discute avec un local qui me dit qu’il est préférable de ne pas traîner pour éviter la Roche Ancrée de jour sinon on aura chaud. On enchaîne le passage sur un pont de singes et traversée de rivière, quel décor même de nuit ! Le secteur Roche Ancrée/ Roche Plate est délicat, c’est long surtout avec un gros coup de fatigue. On distingue bien le gros caillou plat, le paysage est magnifique mais la fatigue ne permet pas d’en profiter. Le jour se lève et les températures avec. Enfin l’école de Roche Plate, le ravito. Je me pose 10 min sur un carton et sous une couverture de survie, ça suffira ! De toute façon, il y a trop de bruit . Je quitte Roche Plate pour la grosse difficulté de la course, après 100 bornes, 900 m de D+ sur 7 km, la montée du Maido, c’est la sortie de Mafate, je monte tranquille. Quel soulagement d’arriver au sommet, Mafate se mérite ! Ensuite c’est de la descente vers Sans Souci, pas de difficulté, c’est long et roulant sur 15 km. Plus on approche de Sans Souci plus il fait chaud. Enfin Sans Souci, la 2ème base de vie. Une bonne douche, un vrai repas et un massage, idéal pour se requinquer. La famille est là, c’est vraiment cool. Les pieds chauffent mais les sensations sont bonnes. Il reste 38 km et ça sent bon. On repart pour traverser la rivière des Galets, il fait super chaud, l’organisation rajoute un point d’eau et des enfants nous arrosent pour nous rafraîchir, vraiment sympa ! On remonte le long des champs de cannes à sucre pour le sentier Ratineau, c’est gras, il y a des cailloux partout, ça glisse heureusement on peut s’accrocher aux branches. Ce sentier c’est du grand n’importe quoi. Tiens surprise une grosse patate, pas sur le profil ! Puis c’est l’interminable descente vers la Possession, le sentier est défoncé. L’arrivée à la Possession fait du bien au moral, j’enchaîne douche, massage et casse-croûte. Les pieds commencent à brûler sérieusement mais j’ai vu pire, ça tiendra. J’enfile le T-shirt de la course, obligatoire pour le dernier poste, il reste 21 km et 1200m de positif, je savoure l’instant. J’arrive à la Grande Chaloupe et sa vieille locomotive, vestige de l’ancienne voie ferrée. C’est parti pour le chemin des Anglais, un chemin avec dalles de pierre dans tous les sens. Ça monte fort dès le départ, je ressens une grosse envie de dormir. Je fais des micros siestes pour éviter la chute. Je recommence à avoir des hallucinations. Le sentier est monotone, je dors debout. Je me dis que cela va bien finir par passer. On quitte le sentier des Anglais pour remonter à travers la forêt, je vois le sommet, j’entends le ravito, le dernier ravito ! Génial, j’enfile un café et c’est reparti. Ma frontale se met à clignoter car la batterie est presque vide, je prends la 2ème … qui n’a plus de pile non plus. J’ai du l’allumer sans faire gaffe. Pas de bol, la descente est mortelle ! Des racines glissantes et des cailloux de partout, j’ai l’énergie pour courir alors je cours. Je commence à apercevoir le stade de la Redoute, c’est génial, j’arrive. Je quitte le sentier pour la route. J’entends des « C’est Papa, c’est Papa ! » Les enfants finissent avec moi. Toute la famille et les amis sont là, c’est super sympa sans eux je n’aurai pas pu la terminer alors un grand merci à eux. Nous sommes le dimanche 21 octobre, il est 1h du matin et je viens de boucler ma 1ère diagonale. » Steve